Eric Orsenna à Bréhat

BRÉHAT, PAIMPOL

Erik Orsenna, Breton du monde
par Guy Prigent
(extrait)

Erik Orsenna, ses livres s’ouvrent sur un archipel, d’où s’échappent des îles, des bateaux et leur équipage, une immensité faite de mots, d’émotions et de rêves.

L’un de ses rêves s’est échoué près des rives préférées du Gulf Stream une île de l’Ouest bien sûr, Bréhat entre deux étés, celui de l’enfance où Erik Arnoult apprend d’abord à godiller, avant de rejoindre le rivage des Syrtes, ouvrage d’un auteur admiré (Julien Gracq), qui lui a donné son nom d’écrivain : Orsenna.

L’homme est d’abord presque né poisson, un 22 mars 1947, avant de choisir d’être bélier, pour forcer le destin, curieux, insatiable, toujours disposé à mettre l’étrave de ses bateaux dans la vague, au près serré, pour aller droit à l’essentiel.

Mais cet homme pressé, prix Goncourt 1988, mais non avide de pouvoir, pourrait aussi écrire un précis de l’éloge de la lenteur : comme pour faire l’apprentissage du verbe, conjuguer le verbe aimer à tous les temps avec des ponctuations habiles, des gestes simples et généreux, un sens de l’écoute et un sourire mystérieux. La Bretagne Nord mérite cet apprentissage d’une découverte à la fois littéraire et pratique, sensible et physique : arpenter les grèves, la mer en ses terres, un livre à la main, en compagnie d’un écrivain, qui navigue à l’estime, entre la terre et l’eau.

Quelle est la route la plus courte pour aller d’un point à un autre ? Le rêve, bien sûr, pour changer le monde et se changer soi même.

En effet, l’écrivain est une sorte d’aventurier, toujours obsédé par les traversées, celles qu’offrent les océans, de la Bretagne, son port d’attache, à l’Antarctique ou à l’Afrique, prétexte à partager ses connaissances, mais aussi ses doutes, ses questions, comme à propos du voyage de l’eau, de son commerce ou celui du coton… Au service de l’imagination, et de la poésie, il poursuit sa quête aux portes de l’Afrique et du continent Sud américain, rejoint l’Orient et les Indes, en compagnie de Christophe Colomb. Cet homme a du sang de corsaire dans les veines, Coatanlem, marin bréhatin, fut certainement son lointain cousin (à la mode de Bretagne !), qui révéla au marin génois, l’existence du Nouveau Monde, en 1484, et lui en indiqua la route. Les épopées humaines attirent son regard, elles héroïsent le social, révèlent des quêteurs inconnus, dont il tisse les mémoires et raconte l’histoire.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Bretagne Nord, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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