François de Cornière à Caen

CAEN

François de Cornière à Caen, des pas, des lignes
par Gilles BOULAN
(extrait)

N’en déplaise à François de Malherbe dont le nom prestigieux s’attache à nombre d’établissements caennais, la ville où François de Cornière promène aujourd’hui ses carnets n’a plus grand chose à voir avec la vieille cité prospère, la « capitale des beaux esprits » où le poète vit le jour en 1555. C’est une ville meurtrie, reconstruite, une métropole régionale en phase avec les inquiétudes, les doutes et les égarements d’une époque tumultueuse. Mais il s’agit aussi d’une ville qui a sauvegardé l’essentiel derrière les prometteuses façades de la modernité. Ici, un vieux bistrot de marins oublié depuis l’invention de l’éclairage au néon ; là, un sentier de pêcheur qui se faufile le long de la rivière à deux pas des immeubles ; plus loin, quelques hectares d’herbage au cœur de la cité, une écluse, un court de tennis… Tous ces lieux familiers, juste à peine camouflés, à peine entretenus, où le citadin s’égare dans le silence d’une presque campagne. Une ville où l’on respire encore l’air de la mer toute proche et l’air des jardins ouvriers.

Oui, le Caen dont nous parle François de Cornière n’est plus tellement celui de Guillaume le Conquérant ni des lumières de l’Athènes normande, cette capitale des beaux esprits. Il ne s’attarde pas très longtemps sur les monuments prestigieux et il regarde les églises du point de vue de l’horizon : les flèches de Saint-Étienne dans la lumière du soleil couchant ou l’Abbaye aux Dames « qui me fait toujours froid quand je passe devant elle en descendant vers le port ». De la même façon, les figures caennaises ne se limitent pas sous sa plume à la poignée de célébrités qui ont marqué l’histoire locale. Elles réunissent un marchand de glace avec son commerce ambulant, le dernier charretier de la ville, un clochard, une statue de square… La ville qu’il nous décrit dans ses pas et dans ses pages est faite des milliers de petites choses, si essentielles et dérisoires, que nous croisons quotidiennement sans y prêter attention.

Mais un petit itinéraire – à effectuer à pied – en six étapes sélectionnées, permet de suivre François de Cornière au fil de son parcours de citoyen caennais, d’écrivain et d’animateur des Rencontres pour lire. Puis d’homme tout simplement.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Calvados, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2004

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