Charles Madézo à Douarnenez et Ploemeur

DOUARNENEZ, PLOEMEUR

Charles Madézo, la mer, la femme

par Jean-Pierre Nedelec

Bien qu’il ait choisi, il y a des années, de jeter l’ancre non loin de Lorient, on ne peut songer à Charles Madézo sans que la baie de Douarnenez, sa Baie, se projette aussitôt sur notre écran intime ; et si, n’ayant pu le saluer des mois durant, le voici qui s’annonce, le sourire qu’il consent, non sans retenue, laisse percer la permanence d’un garçonnet partagé entre de libres vagabondages dans la merveille de l’estran, et le confinement plus lourd des soirées et dimanches où tout complote à la fatalité du statut d’orphelin de père.

Il y a des livres, nés d’un simple arpent de terre et d’eau, ne prétendant nullement au tapage de la séduction, qui rencontrent d’emblée des lecteurs en quête d’un écho familier. La plupart ne savent rien, ou si peu, des quelques ruelles étroites, des escaliers, et de ce bout de quai où le héros, ce gamin, se façonnait jambes et tête, mais y piochent le fantôme de leur propre enfance.

L’Enfant noir de Camara Laye, le guinéen, traverse les continents, parle à tous ceux qui un jour quittèrent case ou masure, pour rejoindre la ville et ses écoles. De même, le garçonnet en culottes courtes, qui n’a de tropisme que vers La Cale ronde, sandalettes ou espadrilles maltraitées, aux pieds, réveille chez qui grandirent sur un rivage, mer, fleuve, ou lac, les ombres de nos enfances vagabondes.

Et ce gamin-là pressent à peine qu’il existe un autre Monde. L’enfance est une île. Ailleurs, au-delà d’une heure à peine, de godille, l’aventure serait périlleuse.

[…]

Extrait de La Bretagne sud des écrivains, Alexandrines, 2014.

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