Jean Cayrol à Bordeaux

BORDEAUX

Ancrage de Jean Cayrol ?
Par Hervé VALENTIN
(extrait)

« J’ai toujours aimé aller ailleurs. Bordeaux, mon port d’attache, a suscité mes envies » écrit l’auteur, avant d’ajouter les mots de cet autre bordelais, Jean de La Ville de Mirmont : « Car j’ai de grands départs inassouvis en moi. »

Parler de « port d’attache » n’est pas une formule pour un homme comme Jean Cayrol, au vu de l’expérience douloureuse qui vint trancher le cours de sa vie. Par ce statut qu’il lui confère, sa ville natale revêt en effet un rôle singulier : premier instigateur de son élan vers le Monde, elle est ce père qui initie l’enfant à l’Inconnu, lui insufflant l’élan de ses découvertes futures.

Cayrol a donc eu son ancrage, comme chacun. Un ancrage fécond.

Ce jeune homme coiffé d’un béret et prenant « un regard d’inspiré au point de ressembler à cet Enfant chargé de chaînes que François Mauriac avait publié », n’était pas étranger à la ville portuaire ; marins, commandants de frégate, cordiers pour navires formaient la petite troupe de ses ancêtres d’où sa grand-mère, quelquefois, exhumait des héros. Depuis le XVIIIe siècle, cette lignée paternelle avait élu domicile dans le vieux quartier de La Rousselle.

Restait-il encore, dans les années trente, une empreinte de ces temps anciens ? « On ne peut se figurer, dira l’auteur, l’image un peu archaïque du port de Bordeaux, au moment où les trois-mâts arrivaient de Terre-neuve. (…) Certains portaient de curieuses figures de proue, des noms de litanie, des compas fermés dans des boîtes en bois. » Puis il y avait «  ces grands vapeurs illuminés a giorno que des malheureux soutiers conduisaient vers des pays de cocagne. »

Les quais immenses, les entrepôts, les docks formèrent sans nul doute un écheveau d’images fécondes qui longtemps après revinrent ensemble, disparates et pressantes : « Ces livres que je fais sécher un jour aux entrepôts Lainé dans une odeur de vanille… Le bruit du bâton qu’enfant je faisais sonner de barreau en barreau sur la grille des quais… ».

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade en Gironde, sur les pas des écrivains, Alexandrines, mars 2008.

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