Jules Mary à Launois-sur-Vence

LAUNOIS-SUR-VENCE

Jules Mary, le grand oublié de l’Ardenne,
par Marcel LUDWICZAK
(extrait)

« Je crois qu’il n’y a guère d’exemple plus frappant de ce que peuvent la volonté et l’énergie d’un homme aux prises avec l’adversité, que l’histoire des premières années de Jules Mary » disait un témoin de sa vie.

Jules Mary, l’enfant de Launois, le maître du roman populaire aujourd’hui presque inconnu en Ardennes, est l’auteur de cent dix œuvres qui ont passionné des milliers de lecteurs, fait la fortune de grands journaux par la diffusion de ses romans-feuilletons et inspiré nombre d’adaptations théâtrales et de films dès l’époque du cinéma muet.

Jules Mary est né le 20 mars 1851 à Launois-sur-Vence, un charmant village niché dans le Val de Vence au contrefort de la ligne des crêtes pré ardennaises. Un site romantique qui a certes influencé son état d’âme.

Sa vie par elle-même est un véritable roman. Issu d’une modeste famille de bonnetiers, il fréquenta l’école du village puis le petit séminaire de Charleville ; « ce n’était pas qu’il eut la vocation, comme l’écrit Jules Mazé dans la biographie qu’il lui a consacrée, mais sa famille était pauvre et le séminaire peu exigeant. »

« J’étais au séminaire de Charleville, dont les classes étaient communes avec celles du Collège, lorsque je fis la connaissance de Rimbaud. Tout de suite nous fûmes très liés malgré notre rivalité de forts en thème ». Dans une lettre à André Breton du 4 août 1919, Jules Mary évoque encore le poète : « [S]a vie, dit-il, tenait tout entière dans l’horizon de ses lectures, dans sa fièvre d’apprendre et son besoin de composer. Plus jeune que nous de trois ou quatre ans, il était beaucoup plus âgé ».

Cependant son goût trop libre et excessif pour la littérature le fit exclure de cet établissement. On le dirigea sur l’Institution Rossat à Charleville où d’ailleurs Rimbaud avait commencé sa scolarité. Là, il continue à lire des romans, à ébaucher des nouvelles et se sent poussé vers « la littérature d’imagination ». Rimbaud, lui, s’adonne avec ferveur à la poésie et Jules Mary affirme que déjà « l’on se redisait ses poèmes… On lui en prêtait même qui n’étaient pas de lui dans lesquels on le pastichait… ».

Après le désastre de Sedan, âgé de 19 ans il s’engage comme franc-tireur dans la 1ère compagnie du Capitaine Thierry. Il combat au Theux, sur le plateau de Romery pendant le bombardement de Mézières qui ne tarde pas à hisser le drapeau blanc. Traqué, il cache son fusil, jette son sac et trouve l’hospitalité chez une amie. Déguisé en maçon, il passe dans Charleville pleine de Prussiens. Puis, grâce à un sauf-conduit trouvé providentiellement sur la place Ducale, et après en avoir gratté et remplacé la date, il gagne Launois, son village natal et part pour Paris avec trente-cinq francs économisés à grand peine, en poche.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans les Ardennes, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, 2004.

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