Bernardin de Saint-Pierre au Havre

LE HAVRE

Bernardin de Saint-Pierre, le voyageur insatiable,
par Dominique Rouet
(extrait)

Jacques Bernardin Henri de Saint-Pierre naît au Havre-de-Grâce le 19 janvier 1737. Une erreur d’impression dans l’ordre de ses trois prénoms sur la page de titre des Études de la nature, parues en 1784, fait qu’il est connu par tous comme Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, ses lecteurs ayant adopté, et lui accepté, cette confusion entre nom et prénoms.

Fils aîné d’une famille de quatre enfants, Bernardin grandit près des remparts ouest du Havre, au 47, rue de la Corderie. Sa mère Catherine Godebout est dieppoise et son père, Nicolas, d’une noblesse peu assurée, est directeur des Carrosses et Messageries du Havre. Des écuries contiguës à la maison part la voiture qui relie le Havre à Rouen en trente-deux heures. La maison natale, construite en 1658, a depuis longtemps disparu pour permettre le prolongement de la rue de la Halle jusqu’au boulevard François-Ier : elle fut détruite partiellement en 1866 puis démolie en 1875.

Bernardin est un enfant indiscipliné, fugueur et rêveur. Il trompe son besoin d’évasion dans la lecture de Robinson Crusoé de Defoe, de Télémaque de Fénelon, ou encore de la Vie des saints de saint Augustin, qui alimentent ses songeries et forgent un idéal de nature et de morale. Il écrira plus tard : « Il est dans le lieu natal un attrait caché, je ne sais quoi d’attendrissant qu’aucune fortune ne saurait donner… Où sont ces jeux du premier âge, ces jours si pleins, sans prévoyance et sans amertume… » Ses fugues et divagations dans la campagne de l’estuaire ou au bord de la mer nourrissent sa passion pour la contemplation de la faune et de la flore, dont il tirera plus tard les leçons dans les Études de la nature ou dans l’Arcadie, où il peint la Lézarde et ses abords travestis sous des noms grecs, comme « un petit vallon abrité des vents. […] Au fond coulait un ruisseau appelé Achélous, qui allait se jeter dans le fleuve Alphée, dont on apercevait au loin, dans la plaine, les îles couvertes d’aunes et de tilleuls. Le tronc d’un vieux saule renversé par le temps, servait de pont à l’Achélous… »

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade en Seine-Maritime, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2007

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