Christian Liger à Nîmes

Nîmes

Christian Liger, passeur de mémoire

par Claire Paulhan

(extrait)

 

 

C’est en 1961 – Christian Liger n’avait pas trente ans – qu’il a écrit pour la première fois à Jean Paulhan, le directeur de la Nouvelle Nouvelle Revue française. Au bas de cette première lettre, mon grand-père a noté, à côté de la signature de Christian Liger : « Nîmois ». Il aurait pu également préciser : « Premier prix de philosophie du lycée de Nîmes. Professeur de lettres et auteur dramatique, spécialiste de Giordano Bruno et d’André Suarès. »

Dès cette première missive, Christian Liger évoque d’emblée l’œuvre admirée d’André Suarès et remercie Jean Paulhan pour la publication de sa première pièce – dont il a reçu les épreuves sans même en avoir été prévenu ! Sacrifice parut dans la NRF en juillet et août 1961 et allait être monté au théâtre, dans la foulée, en 1963. Il s’ensuit une première rencontre, début 1962, dans le bureau de la revue, au cours de laquelle Jean Paulhan lui conseille vivement de s’engager dans un travail de thèse sur André Suarès – ce qu’il fera – et lui passe commande, par la même occasion, d’un essai biographique pour la collection « La Bibliothèque idéale », mais la collection s’arrêtera avant la réalisation de ce projet… Rapidement, Christian Liger s’enhardit à confier, dans ce style à la fois précieux et grave qui était le sien alors : « Il faut que je vous remercie pour “L’Éducation” que j’ai reçue à travers votre œuvre ; c’est là que j’ai trouvé une éthique non seulement d’écrivain, mais sans doute d’homme. »

Peu après, une autre pièce est acceptée par les éditions Gallimard, les Noces de Psyché, pour la toute nouvelle collection de littérature contemporaine que dirige Georges Lambrichs, la collection « Le Chemin ». La Tour d’Einstein sera également publiée dans la NRF d’août 1964… Dans les années qui suivent – il ne restait plus à Jean Paulhan que quatre années à vivre et son influence dans le milieu littéraire allait en diminuant –, Christian Liger se manifeste fidèlement, tenant au courant son mentor parisien de ses travaux en cours, de ses recherches : « L’occasion de vous écrire, note-t-il, est presque toujours celle d’un manuscrit que j’achève. Ce qui fait des lettres un peu longues. Mais dans l’inquiétude d’un ouvrage achevé, on cherche quelque haute raison qui vous assure. Et vous êtes, en notre littérature, cette vigilance. »

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Gard, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2008

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