Jacques Prévert de Nantes à Pornichet

NANTES, PORNICHET

Jacques Prévert ou la rencontre heureuse avec la mer,
par Danièle Gasiglia-Laster
(extrait)

Un petit garçon au visage rond, coiffé d’un chapeau « Jean-Bart » à larges bords, regarde de ses yeux bleu ciel la mer, aussi bleue que ses yeux quand elle se fond avec le ciel. Il a environ six ans et un sourire radieux. Comme la plupart des être libres qui aiment la vie, il est ébloui par cette merveille de la nature. C’est leur première rencontre, à Pornichet, petit village où ses parents l’emmènent en vacances. Il n’aimera pas, peu de temps après, la mer Méditerranée, dont il fait la connaissance à Marseille ; il lui reproche de ne pas assez remuer et lui préfère ce qu’il appelle « la mer de Nantes ». Celle de Toulon, rencontrée un peu plus tard, lui plaît mieux, mais ce n’est tout de même pas l’Océan avec ses mouvements constants. Ces vacances inoubliables en Loire-Atlantique (à l’époque Loire-Inférieure), Jacques Prévert les raconte dans ses souvenirs d’enfance, partiellement publiés dans le journal Elle, en 1959, puis dans une version plus complète, en ouverture au recueil Choses et autres, en 1972. Au bord de cette mer, il manifeste son amour de tout ce qui vit : les méduses échouées sur le sable et auxquelles il souhaite d’être emportées et sauvées par la prochaine marée, ou encore un petit crabe enfermé sous un verre sur une table du casino de La Baule et qu’il libère.

André Prévert, le père de Jacques, est né à Nantes en 1870. C’est la raison, sans doute, pour laquelle il amène plus tard sa famille en vacances à Pornichet, non loin de la ville où ses parents, Auguste et Sophie Prévert, ont gardé une maison. Un farfelu, cet André. Ce n’est certainement pas de tout repos d’être son épouse, et Suzanne, sa femme, aussi rieuse que son petit Jacques, perd parfois sa bonne humeur quand André fait des fugues ou ramène un clochard à la maison. Il est vrai qu’on ne s’ennuie guère avec lui. Un jour, un cirque vient se produire à Pornichet, et André décide, quand les forains repartent, de faire un bout de chemin avec eux. La famille Prévert : Suzanne et André, le fils aîné, Jean, et le plus petit, Jacques – Pierre n’est pas encore né –, partent donc en roulotte jusqu’à Guérande et au bourg de Batz.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Loire-Atlantique, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, février 2009

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