Nice-Roger Martin du Gard

Roger Martin du Gard à Nice,

par Claude Sicard

 

Le 3 juin 1934, trois mois après son installation dans un appartement du Grand-Palais, 2, boulevard de Cimiez, à Nice, Roger Martin du Gard écrivait à un ami : « J’ai repris courage. Ne fût-ce que pour cela, j’aimerais Nice. Je m’y plais sans réserve. Nice comptera parmi les plus heureuses périodes de ma vie. Rarement j’ai atteint un si satisfaisant équilibre entre tous mes besoins, tous mes instincts. J’ai ma Thébaïde, et j’ai la rue… »
Il a dépassé la cinquantaine, puisqu’il est né à Neuilly-sur-Seine en 1881, et son œuvre est déjà fort importante, de Devenir ! (1909) et Jean Barois (1913) à la somme romanesque des Thibault, sans compter la farce du Testament du Père Leleu, montée par Copeau au Vieux-Colombier en février 1914. Pour élaborer tous ces livres, Martin du Gard a eu besoin d’un asile sûr, éloigné du monde, à Barbizon, à Sancergues (Cher), à Clermont de l’Oise[i], au Tertre, près de Bellême (Orne). Est-ce à dire qu’avant 1934 il n’avait jamais connu que par ouï-dire les sortilèges lumineux du climat méditerranéen ?
Bien au contraire, à vingt ans, il avait découvert les plages d’Algérie, autour de la Pointe Pescade, et il y était retourné, en même temps qu’en Tunisie, en 1906, lors de son voyage de noces. Au printemps 1914, il avait exploré la côte amalfitaine et Capri. À l’été 1922, il était à Porquerolles, et il avait fait trois séjours à Hyères entre 1924 et 1929. Il connaissait Cabris, Le Lavandou, il rêvait de passer deux mois d’affilée en Italie ou au Maroc… Il faut donc se garder de l’imaginer en ermite, voué à la règle de l’écritoire, le dos tourné à la vie tentatrice. Il y a chez Martin du Gard on ne sait quel phototropisme, ou mieux quel héliotropisme, qui, dans ses périodes de découragement, a toujours lutté contre son pessimisme, entretenant malgré tout sa confiance en la vie et son espoir de liberté…


[i]. Voir Balade en Oise, sur les pas des écrivains, Alexandrines,1998.

 

Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012

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