Hervé Hamon à Saint-Brieuc

SAINT-BRIEUC, TRÉLÉVERN

Hervé Hamon : Partir, revenir, c’est une histoire d’Armor
par François Simon
(extrait)

La route escargote jusqu’à la mer. Il ne peut en être autrement avec un client pareil. Il faut à Hervé Hamon du clapot court hachurant des îles sous ses fenêtres. Ainsi qu’une marée de livres et une maquette de l’Abeille-Flandres. Il flotte chez lui un parfum de solitude peuplée et de belle marine.

Dans le jardin derrière, ourlée de rhododendrons, la cabane où il écrit, cousine germaine de ces chantiers navals riquiqui, bourrés de sentiment jusqu’à la gouttière, où deux mains passionnées accouchent d’un canot bien dans ses lignes.

Le voilà son décor : une maison océane au seuil de laquelle la Manche se mouche du coude et essore la plage deux fois par jour. Cette maison, il l’a cherchée « le long de la côte du Goëlo qui est celle que j’aime parce qu’elle concentre tous les coins sauvages et accueillants que l’on me montrait enfant ».

Il l’a trouvée et l’a choisie parce que « dehors, elle n’était rien. Dedans, j’étais chez moi ».

Va donc pour Trélévern, Côtes d’Armor, bout d’un monde, bord du monde. N’allez  pas vous imaginer la tanière d’un bourru empoté, né natif et fier de l’être. Non c’est un port d’attache, rien de plus, rien de moins. L’endroit où il est revenu « comme un oiseau ».

Et d’où il repart quand il veut, aussières larguées, à l’humeur, selon la saison et le vent qui souffle : « Ma Bretagne n’est pas alternative d’autre chose. J’aime les déserts où les gens naviguent comme des marins en lisant les étoiles. J’aime les villes tentaculaires et leur extraordinaire fantaisie. J’aime New York et Tokyo. Et j’ai des envies non passagères de Nouvelle-Zélande, d’Algérie ou de Ceylan. Est-ce que j’aime tous les coins du monde ? J’ai peut-être un petit problème avec les plaines ».

Hervé Hamon est comme ça : bougeant, haïssant paisiblement tout ce qui peut ressembler à un enfermement : « J’ai grandi dans l’idée que la frontière est une oppression. J’emmerde fortement les patriotismes étriqués ».

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade en Bretagne Nord, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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