Wace de Falaise à Caen et Bayeux

DE FALAISE… À CAEN ET BAYEUX

Wace, le « romancier » des origines
par Pierre BOUET
(extrait)

Wace est l’auteur du Roman de Rou qui raconte l’histoire des ducs de Normandie, de Rollon à Henri Ier Beauclerc (876-1106). Wace est originaire de l’île de Jersey où il naquit vers 1100 : il fit ses études à Caen, puis à Paris, avant de revenir faire carrière en Normandie, à Caen comme « clerc lisant », puis à Bayeux comme chanoine.

Il commença par composer en langue française d’oïl de nombreux poèmes religieux, comme la Vie de sainte Marguerite, la Conception Notre-Dame et la Vie de saint Nicolas. Ce sont des traductions d’œuvres latines mises en vers.

Vers 1155 il traduisit du latin en langue « romane » (d’où le sens originel du terme roman) l’Hitoria regum Britanniae de Geoffroi de Monmouth sous le titre de Roman de Brut : ce poème raconte l’histoire des rois bretons (d’Angleterre) depuis l’arrivée dans cette île de Brutus, un descendant d’Énée, jusqu’au roi Arthur. C’est cette traduction en langue d’oïl qui fit connaître l’histoire du roi Arthur en faisant de ce roi breton un prince chevaleresque entouré de sa cour, symbolisée par la Table Ronde.

Après ce succès, Wace fut invité par le roi Henri II Plantagenêt à composer l’histoire des Normands en traduisant du latin en langue romane des chroniques latines comme celles de Dudon de Saint-Quentin, de Guillaume de Jumièges, de Guillaume de Poitiers et d’Orderic Vital. Après la geste des Bretons, Wace célébra donc la geste des Normands dans son Roman de Rou (ou pour Rollon) qu’il commença en 1160 : le récit s’arrête brusquement à la bataille de Tinchebray en 1106, vraisemblablement en raison d’une disgrâce, puisque le roi Henri II confia à un poète rival Benoît de Sainte-Maure le soin de rédiger une Chronique des ducs de Normandie vers 1170.

Wace est à la fois un poète et un historien qui a su transcrire des chroniques latines en langue française à l’intention d’un large public de cour. C’est lui qui a lancé l’un des thèmes les plus riches de la littérature européenne : celui du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde. Mais il a su également incorporer à la trame historique des anecdotes, qui relèvent parfois de la légende et qui lui ont été fournies par la tradition orale. On peut donc lui décerner, à juste titre, la qualité de « romancier », puisqu’il a, d’une part, traduit des textes latins en langue « romane » et qu’il a, d’autre part, le souci de colorer son récit de « romanesque ».

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Calvados, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2004

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