Eaubonne, Saint-Brice Eluard

Eaubonne, Saint-Brice

Le Val-d’Oise, berceau d’un poète, Paul Eluard
par Colette Guedj
(extrait)

 

Trois communes du Val-d’Oise sont attachées au nom du poète Paul Eluard, où il demeura par intermittence entre 1920 et 1942 : Saint-Brice-sous-Forêt, Eaubonne et Montlignon.

C’est en 1920 qu’Eluard, après avoir vécu rue Ordener à Paris, s’installe à Saint-Brice-sous-Forêt, 2, rue Chaussée, dans une petite maison que lui procure son père, marchand de biens. La maisonnette existe toujours, avec ses trois pièces donnant sur un balcon et son jardinet à l’arrière. Saint-Brice a été choisi pour la douceur de son climat, dont on espère qu’il sera salutaire au poète, qui a contracté une tuberculose à l’âge de douze ans et restera toute sa vie de santé fragile. C’est du reste cette même affection qui le rapprochera de celle qui allait devenir sa femme en 1917, Gala, de son vrai nom Helena Diakonova ; ils avaient fait connaissance trois ans auparavant au sanatorium de Clavadel, en Suisse, Eluard avait dix-sept ans, elle dix-neuf.

En 1921, Eluard rencontre au Tyrol le peintre Max Ernst, l’un des fondateurs, avec Tzara et quelques autres, du mouvement dada : ces hommes, peintres et poètes, feront de l’absurde et de la dérision le principe absolu de leur combat contre l’idéologie bourgeoise, suspectée d’être à l’origine du «carnage», selon le mot d’Aragon, de la guerre de 1914-1918. Une collaboration étroite lie Paul Eluard et Max Ernst qui écrivent ensemble, dans un même esprit de provocation dadaïste, le recueil Les Malheurs des immortels, composé de vingt poèmes en prose accompagnés de vingt

collages de Max Ernst. Deux ans plus tard, en 1923, le peintre quittait l’Allemagne, en utilisant le passeport d’Eluard, pour rejoindre ce dernier qui l’hébergera à Saint-Brice où il vit en compagnie de Gala. C’est alors que commence une vie à trois, totalement libérée des tabous sexuels et étrangement ambiguë (Gala l’appellera «triangulisme») entre deux hommes liés par une profonde amitié mais une non moins profonde attirance pour la même femme ; on trouve quelques échos douloureux de cet érotisme troublant dans le poème «Max Ernst I», extrait du recueil Répétitions. Cette période et ce lieu seront également féconds pour le peintre, qui y réalisa plusieurs de ses grandes toiles : La Révolution la nuit, La Femme chancelante, La Belle Jardinière (cette dernière œuvre fut détruite par les nazis, qui la qualifièrent, avec d’autres hélas également détruites, d’ «art dégénéré»).

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Val-d’Oise, sur les pas des écrivains, Alexandrines, avril 1999

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