Victor Segalen à Brest et Huelgoat

BREST et HUELGOAT

Victor Segalen, le grand paysage
par Kenneth White
(extrait)

Victor Segalen n’est pas simple à identifier et à situer. C’est le contraire d’un enraciné. Il existe et évolue dans un espace sans commune mesure. Quand on évoque le nom de cet écrivain errant (méthodiquement errant), c’est d’abord à la Polynésie que l’on pense, à cause de son chant du cygne de la culture maori, Les Immémoriaux, ou à la Chine, à cause de son roman, Le Fils du Ciel, de son récit de voyage jusqu’aux confins du Tibet, Équipée, de sa série de poèmes écrits le long de la grande route chinoise de l’ouest, Stèles.

La Bretagne est pourtant toujours restée tapie au fond de son esprit. Il restait très conscient du fait que, comme l’indiquait son nom (qu’il tenait à écrire sans accent et à prononcer à la bretonne : segalenn), il était originaire des terres rudes et maigres de l’Armorique intérieure, le « pays du seigle ».

Si Victor Segalen s’est fait médecin de la marine, c’était pour voir du pays (« Je suis né pour vagabonder, voir et sentir tout ce qu’il y a à voir et sentir au monde », écrit-il dans une lettre de 1906), mais c’était d’abord pour fuir le contexte étriqué, enfermé (« vie casanière et éberluée », écrit-il dans Équipée) de ses années d’enfance et d’adolescence dans une famille bourgeoise de Brest à la fin du xixe siècle, de l’appartement rempli d’images pieuses de la rue Massillon, du collège des Jésuites, situé à l’angle de la rue Voltaire et de la rue de Foy, du collège catholique de Lesneven.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Bretagne Nord, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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