HYÈRES-LES-PALMIERS Groult

HYÈRES-LES-PALMIERS

Le pays des deux printemps
par Benoîte Groult
(extrait)

 

 

Je n’aurais jamais cru que le Var deviendrait sur le tard ma deuxième patrie, mon lieu de vie, celui de mon ressourcement, qui me permettrait de traverser chaque hiver depuis trente ans en parvenant à oublier que je vieillis d’un an le 31 janvier de chaque année.

Je suis en effet bretonne de cœur et de volonté, dirais-je. Mon arrière grand-père portait sur sa fiche d’état civil Jacques Groult, né à Cherbourg, laboureur. Son fils devint précepteur de Barbey d’Aurevilly, dans le Cotentin. Mon grand-père, Paul Groult, épousa Camille Deyrolle à Concarneau et devint naturaliste et taxidermiste, dans la célèbre maison « Les Fils d’Émile Deyrolle », rue du Bac à Paris, qui vient hélas de brûler entièrement, détruisant des collections de papillons inestimables, des spécimens d’insectes aujourd’hui disparus et des animaux du monde entier, naturalisés et empaillés comme on disait, ours blancs, lynx, zèbres, requins et hippocampes variés qui peuplaient les trois étages de ce musée de la Nature qui faisait rêver les zoologistes aussi bien que les artistes et les enfants.

J’y passais souvent mes jeudis, ce qui a contribué à me donner le goût des minéraux, des coquillages, du monde sous-marin et des jardins.

Chaque été, je retournais avec ma sœur Flora et mes cousins à Concarneau chez ma grand-mère, au temps où les grand-mères ne portaient pas de short, n’allaient pas à la plage, et se sentaient vouées à recevoir pendant les trois mois d’étés enfants et petits-enfants.

Le premier rêve que j’aie réalisé après la guerre, qui nous avait interdit pendant quatre ans les rivages de l’Atlantique, fut d’acheter une chaumière, une vraie, avec un toit de chaume, dans un petit village du Finistère. Mon mari, Paul Guimard, était nantais, nous pensions rester ancrés jusqu’à la mort, dans ce petit port, face aux Îles de Glénan et à l’Île de Groix, où nous pêchions crevettes, homards, soles, oursins, raies et maquereaux, en ces temps bénis où la mer était encore nourricière.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Var, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, février 2010.

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