Antonin Perbosc à Labarthe-en-Quercy

LABARTHE-EN-QUERCY

Antonin Perbosc et l’identité occitane
par Norbert Sabatié
(extrait)

 

 

Né dans le Quercy, nommé instituteur dans le Rouergue puis en Lomagne, ce régent deviendra bibliothécaire de la ville de Montauban, retrouvant ainsi le chef-lieu du département qui l’avait déjà accueilli lors de sa formation à l’École normale.

En parfaite possession de sa langue maternelle dont il va expérimenter les variantes au fur et à mesure de ses pérégrinations, Antonin Perbosc va forger, avec l’aide de son homologue audois, Prosper Estieu, la parure linguistique commune à tous les parlers d’Oc. Cette révélation de l’identité occitane a été obtenue après un long travail de recherches liées à l’espace et au temps : relations étroites avec d’autres penseurs de l’Occitanie, retour aux sources de la graphie par la découverte de l’œuvre des Troubadours, étude du fonctionnement de la langue catalane, sœur bessone de l’occitan.

C’est Labarthe-en-Quercy qui voit naître le « Père de l’occitan », au cœur de la petite vallée de la Lupte dont le campèstre l’imprégnera tout au long de sa production poétique. La condition très modeste de ses parents bordiers inculquera le sens du labeur, de l’honnêteté et du devoir accompli au jeune Antoine, affublé du second prénom de Crépin en raison du saint du jour de sa naissance, en ce 25 octobre 1861. Les deux initiales A.-C. continuent de précéder son nom sur ses cahiers de l’École normale et figurent sur sa signature jusqu’à ses vingt ans, son domicile étant chez ses parents, à Saint-Jean de Perges, près Molières. Puis, ses deux prénoms se contractent en Antonin.

C’est alors qu’il lie connaissance avec Jean Castela, le meunier felibre de Loubéjac, auteur déjà célèbre pour ses Farinals dont une version augmentée paraît en 1873. Grâce à lui, il participe au grand rassemblement félibréen du 20 octobre 1881 à Montauban et, au banquet plus local du 11 août 1890 à Lafrançaise, il donne son premier poème intitulé « Brinde al Carci e a sous felibres », rendant hommage à ses devanciers. En 1895, la création de l’Escolo Carsinolo se réalise autour de Castela et en 1902, Antonin Perbosc publie son poème « Remembransa » pour rappeler les liens qui l’unissent au terroir : évocation d’une jeunesse heureuse parmi les siens, auprès des bêtes, avec pour environnement la nature et la langue d’oc, parlée ou chantée. L’année suivante, la publication du Got Occitan révèle son talent poétique d’autant plus qu’avec Prosper Estieu, ils ont pu revêtir leur langue d’un nouvel habit graphique. Frédéric Mistral avait déjà apprécié la valeur de Perbosc et l’avait fait élire Majoral du Félibrige, en 1892, pour succéder au vaillant félibre rouge de Castelnaudary, Auguste Fourès, afin que continue de chanter sa Cigale de la Liberté.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Midi-Pyrénées, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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