Octave et Valérie Feuillet à Saint-Lô

SAINT-LÔ

Octave et Valérie Feuillet :
le « Musset des familles » et la « Sévigné des Palliers »,

par Claire Vaudevire
(extrait)

Octave Feuillet, auteur dramatique et romancier né à Saint-Lô en 1821, entré à l’Académie française en 1862, oublié de nos jours bien qu’immortel, en vogue pendant près d’un siècle mais maintenant démodé, a laissé à sa ville natale un nom de rue et l’image un peu caricaturale d’un homme de lettres du second Empire.

Sorti du lycée Louis-le-Grand, à Paris, Octave choisit d’y résider et de se vouer à la littérature. Il écrit pour le théâtre et collabore à la Revue des Deux Mondes. Sa première comédie est représentée à l’Odéon le 15 novembre 1845. Suivent deux drames en cinq actes, des Scènes et proverbes, un roman, une comédie-vaudeville écrite en collaboration avec Paul Bocage (le neveu d’un acteur célèbre), des Scènes et comédies etc., oeuvres qui lui valent un succès qui ne se démentira plus jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

Cependant, de tempérament très nerveux, Octave préfère revenir à Saint-Lô en 1848 pour travailler dans le calme et s’occuper de  son père, Jacques, vieillissant et malade. On assiste alors au spectacle paradoxal d’un auteur dramatique composant ses pièces à trois cents kilomètres de Paris sans se déranger ni pour les lire aux directeurs, ni pour les faire répéter, ni pour y assister… Car Eugène Feuillet, frère d’Octave, qui fait carrière au ministère des Finances, lui sert de représentant littéraire à Paris. Pendant dix ans, ce beau garçon élégant et charmeur remplace Octave dans les bureaux des directeurs de revue et les coulisses des théâtres. Il surveille les effets de certains mots, de certains jeux de scène sur le public, s’occupant de régler la claque, n’oubliant pas la fleuriste chargée d’envoyer des bouquets à l’interprète. Il veille à tout. Il voit tout. Il entend tout.

En 1851, Octave épouse sa cousine, Valérie Dubois, fille du maire de Saint-Lô, de douze ans sa cadette.  Le ménage s’installe chez monsieur Feuillet père puis, à la mort de celui-ci en 1858, au château de la Vaucelle à Saint-Lô ainsi qu’à Paris car Octave, au sommet de sa gloire, est de plus en plus demandé à la Cour. Il écrit alors pour l’Impératrice, Portraits de la Marquise. Jouée en 1859 au château de Compiègne, par Eugénie, la pièce remporte un franc succès. « L’Impératrice a joué à merveille et a été d’une gracieuseté parfaite […]. Après la pièce on a demandé l’auteur à grands cris, alors le rideau a été levé, et l’Impératrice tenant Octave par la main s’est avancée sur la scène, et a présenté l’auteur au public enthousiasmé », écrivait alors le beau-père d’Octave Feuillet.

Le musée des Beaux-Arts de Saint-Lô conserve, grâce au don de Valérie en 1905, la plupart des objets qui composaient le décor intérieur des Feuillet : tableaux, sculptures, gravures, dessins, miniatures, photographies et quelques meubles. L’un des éléments les plus parlants de cette collection est la tabatière réalisée par le bijoutier Mellério, rue de la Paix à Paris, et offerte par l’Impératrice Eugénie à Octave Feuillet en souvenir de l’événement.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans la Manche, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2006.

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