La marquise de Sévigné à Vitré

VITRÉ

La marquise de Sévigné au château des Rochers,
par Stéphane Gautier
(extrait)

« Madame de Coulanges me disait l’autre jour : “Quittez vos humides Rochers”. Je lui répondis : “Humide vous-même” : c’est Brévannes qui est humide, mais nous sommes sur une hauteur, c’est comme si vous disiez votre humide Montmartre. » Ainsi s’exprimait Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, dans l’une des quelques mille lettres adressées à sa fille, Françoise, comtesse de Grignan qui vivait en Provence. Celle-ci est datée du 29 novembre 1689 et écrite lors du dernier séjour que l’épistolière fit en son château des Rochers, près de Vitré, au sud-est de l’actuel département d’Ille-et-Vilaine. Depuis son premier voyage en Bretagne effectué en août 1644 et jusqu’en septembre 1690, la marquise fit seize séjours aux Rochers, chacun d’entre eux durant de six à seize mois. Au total, elle y vécut près de six ans et y écrivit 294 lettres, principalement à l’attention de sa fille, soit près du quart de son œuvre conservée.

Née à Paris, place Royale, actuelle place des Vosges, le 5 février 1626, dans l’hôtel particulier que son grand-père, Philippe Ier de Coulanges, avait fait édifier, la future baronne de Sévigné, marquise par courtoisie, était l’unique héritière des immémoriaux Rabutin-Chantal, maison bourguignonne dont elle était issue en ligne paternelle, et des plus récents Coulanges, famille de robe, nouvellement enrichie, à laquelle Marie de Coulanges, sa mère, appartenait. Orpheline de père dès le 22 juillet 1627, Marie de Rabutin-Chantal eut une enfance heureuse, malgré les deuils qui jalonnèrent les premières années de son existence. En seulement trois ans, de 1633 à 1636, elle perdit sa mère et ses grands-parents maternels. Aussi ne lui restait-il, à dix ans, que ses oncles Coulanges et une grand-mère paternelle, Jeanne Frémyot, baronne de Chantal, entrée en religion depuis 1610 pour fonder, avec François de Sales, l’Ordre de la Visitation. Placée sous la protection de l’aîné de ses oncles, Philippe II de Coulanges, la jeune fille, entourée de nombreux cousins, reçut une éducation soignée qui la prépara à devenir l’un des esprits les plus brillants des salons parisiens, notamment de ceux de ses amies, mademoiselle de Scudéry et madame de La Fayette.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Bretagne Nord, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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