Yves Elléouët à La Roche Maurice

LA ROCHE MAURICE

Yves Elléouët sur les chemins de l’Ankou

par Marc Le Gros

Rarement comme chez Yves Elléouët, le mot célèbre de  Rimbaud : « Enfant, certains ciels ont affiné mon optique », aura rencontré un écho aussi juste. Rarement aussi, comme chez lui, l’aveu de Chateaubriand, ce bel aveu qu’André Breton avait fait sien au point de l’offrir en clausule à ses Entretiens avec André Parinaud : « Enfant de Bretagne, les landes me plaisent. Leur fleur d’indigence est la seule qui ne se soit pas fanée à ma boutonnière », aura trouvé plus belle consonance. A ceci près toutefois que ces lignes admirables sont extraites de La Vie de Rancé. Ce sont les  ultima verba  de l’enfant de Combourg qui vécut comme on sait, très vieux, jusqu’à 80 ans. Yves Elléouet est mort à quarante trois ans.

Yves Elléouët est né le 8 juillet 1932 à Fontenay-sous-Bois dans le Val de Marne. Son père, Jean Elléouët, comptable à l’hôtel Cayré à Paris, est originaire de La Roche Maurice, à quelques encablures de Landerneau en Basse Bretagne. Sa mère Marcelle est couturière à domicile. «  Ma pauvre mère est bien malade, une grosse grippe l’a prise et elle me semble très fatiguée surtout qu’elle travaillait beaucoup ces jours derniers. Cette couture la tue positivement » écrit le fils en 1951, dans un texte de jeunesse. Puis la famille s’installe au 36, Grand Rue à Garches, en Seine et Oise. Yves Elléouët a 3 ans.

C’est entre 1940 et 1944 que va se jouer le destin du poète. Les années d’Occupation le trouvent en effet à La Roche Maurice où ses parents l’ont confié aux soins de la famille paternelle, la grand-mère mais aussi la tante Madeleine et l’oncle, Yves, ce parrain pittoresque auquel le personnage d’Eliezer, le héros fabuleux de Falc’hun doit beaucoup. Nous sommes en plein cœur de la vallée de l’Elorn, l’ancienne Dourdoun, l’ « eau profonde » dont Fons de Kort nous dit qu’elle nourrit « une révérence particulière  à l’Ankou ». Les ruines du château de Roc’h Morvan qui domine le bourg, l’église Saint Yves et particulièrement son vitrail de la Crucifixion avec le crâne du Golgotha, son cimetière aussi joueront dans l’œuvre un rôle non négligeable.

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Extrait de La Bretagne sud des écrivains, Alexandrines, 2014.

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