Auguste Dupouy à Saint-Guénolé

SAINT-GUÉNOLÉ

Auguste Dupouy, face au couchant

par Jean-Pierre Dupouy

Bien que né à Concarneau (en 1872) et mort à Quimper (en 1967), c’est à Saint-Guénolé qu’Auguste Dupouy a ancré sa vie. Il y est arrivé à l’âge de huit ans, quand son père y a pris la direction d’une petite conserverie de poisson. Avant les études secondaires au lycée de Brest et les années parisiennes à l’École Normale Supérieure, ce fut pour lui le lieu d’une initiation aux mystères de la mer : ceux d’une grève alors généreuse en trésors de toutes sortes et ceux de la navigation à la voile entre les récifs. Plus tard, c’est face à l’ouest, devant le rocher du Lestr, en breton « le vaisseau », dont la forme évoque un navire aux voiles inclinées sous un vent de travers, qu’il passera chaque année ses vacances de professeur de lettres et qu’il écrira une grande partie de son oeuvre. Sa carrière, au gré des affectations successives, l’a mené de Tulle, puis de Quimper, à Paris en passant par Angers, Reims et Rouen. Quant à son parcours d’écrivain, apparemment dispersé, de la poésie au roman, du théâtre à l’essai, il trouve sa cohérence dans une double fidélité : à la Bretagne, qui incarne pour lui, loin des clichés romantiques, l’énergie et le bonheur de vivre, et à la culture antique.

En 1905, il publie son premier livre, Partances, un recueil poétique, qui trouvera son prolongement bien plus tard, en 1942, dans Les Chants de la traversée. Mais c’est le roman qui lui apportera la forme où s’épanouira sa personnalité littéraire. De L’Affligé (1922) à La Paix des Champs (1925) et à On l’appelait Marlène (1935), on retrouve un schéma assez semblable : dans un cadre breton dépouillé, un personnage masculin est troublé par le charme d’une jeune femme d’une condition inférieure à la sienne, servante, paysanne ou brodeuse, qui lui sert d’initiatrice à une vie plus forte, plus authentique que celle qu’il vivait jusqu’alors. Mais cette échappée hors de son réel ordinaire se termine mal : mort du héros ou séparation mutilante, comme si d’invisibles murs s’étaient élevés entre les personnages – conventions sociales, jalousies familiales -, transformant la femme en pure irréalité fantasmatique.

[…]

Extrait de La Bretagne sud des écrivains, Alexandrines, 2014.

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