Jean-François Coatmeur à Pouldavid-sur-Mer

BREST, POULDAVID-SUR-MER

Coatmeur, le regard noir d’un humaniste

par Hervé Bellec

Avant son annexion par Douarnenez en 1945, Pouldavid-sur-Mer était encore un petit port de pêche situé en fond de ria. Une odeur de vase, de gasoil et de goémon vous prenait à la gorge et la légende affirmait que le roi Gradlon abandonna ici-même Dahut, sa fille maudite, preuve en était ce rocher qui porte encore l’empreinte du sabot de son cheval. A Brest, dans le salon de la rue du Forestou-Uhella où vit Jean-François Coatmeur depuis des lustres, une toile peinte par René Quéré nous montre ce qu’était Pouldavid-sur-mer avant guerre. Un môle, quelques bateaux, des collines ondulant vers l’horizon. C’était le terrain de jeu d’une enfance à la fois maritime et rurale. Famille traditionnellement de la droite catholique qui ferme les volets au passage des manifestations ouvrières mais famille aimante. Maman, un temps employé de conserveriez, s’occupe de la maison. Papa est commis à la brasserie voisine de Kerharo et va livrer, sur une charrette tractée par un vieux cheval, des caisses de bière dans toute la région. Tous les dimanches, sur cette même carriole, il doit conduire le patron à la messe. Ce sont des choses qui à l’époque ne se négocient pas. A un jet de pierre, se trouve Douarnenez la rouge, le lieu de perdition, la cité interdite pour le petite Coatmeur qui rêve déjà de transgression.

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Extrait de La Bretagne sud des écrivains, Alexandrines, 2014.

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