Anatole Le Braz à Penvénan

PORT-BLANC, PENVENAN, TRÉGUIER

Le retour aux sources d’Anatole Le Braz
par Dominique Besançon

(extrait)

« Il faut aller à Port-Blanc » me dit-on dans les années 1975, lorsque je commençais mes travaux sur La Légende de la Mort. Ce conseil devait changer le cours de mon existence. Au fil de mes lectures, Anatole Le Braz devint un ami et un guide, m’imprégnant de ces lieux qu’il aimait tant jusqu’à faire de moi une Penvénannaise à temps plein. Son nom reste attaché au petit hameau côtier dépendant de Penvénan qui fut son havre de paix de 1891 à sa mort et dont il sut parfaitement saisir cette chose indéfinissable que l’on appelle « l’âme ».

Fils d’un instituteur laïque passionné de traditions populaires, Anatole Le Braz naît le 2 avril 1859 à Saint-Servais (Cornouaille costarmoricaine) où son père, d’origine trégoroise, est en poste. À la rentrée 1861, ce dernier est muté dans le bourg trégorois de Ploumilliau où Anatole grandit jusqu’au décès de sa mère (1871) qui laisse huit orphelins. S’ensuivent de longues années d’éloignement entrecoupées par les vacances scolaires qui le ramènent dans le Trégor, exacerbant à chaque fois un peu plus sa nostalgie. « Le meilleur de mon adolescence s’est écoulé parmi eux » dit-il des habitants de Penvénan où son père enseigna pendant une quinzaine d’années.

C’est tant pour recueillir des croyances mortuaires que pour retrouver le meilleur de son adolescence qu’il loue à Port-Blanc, à l’été 1891, une modeste chaumière de pêcheurs… pour deux mois, pense-t-il. Voilà longtemps qu’il rêve de ce retour aux sources. Mais y parviendra-t-il ? Il a trente-deux ans, a vécu à Paris, enseigne au lycée de Quimper depuis 1886 et n’est pas inconnu des milieux intellectuels bretons depuis que le folkloriste trégorois François-Marie Luzel lui a mis le pied à l’étrier. Pour les gens d’ici, le petit Anatole est devenu un monsieur de la ville, mais ce monsieur est parfaitement bretonnant, simple et chaleureux.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Bretagne Nord, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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