Félicité de Lamennais à Saint-Malo

SAINT-MALO

Félicité de Lamennais aventurier de l’esprit
par Bernard Heudré
(extrait)

Des remparts de Saint-Malo, la ville natale, à la fosse commune du cimetière du Père-Lachaise, quel étrange destin que celui de Félicité de Lamennais ! Né le 19 juin 1782 dans une famille d’armateurs, son enfance est frappée de plein fouet par les heurts de la Révolution. Sa vive sensibilité ne peut qu’en être avivée, lui qui, âgé de huit ans, déclare du haut des remparts enserrant sa ville natale : « Ils regardent ce que je regarde, mais ils ne voient pas ce que je vois ».

Une éducation très libre lui permet de se plonger dans la bibliothèque familiale ; il est saisi par la lecture de Rousseau, aussitôt fasciné, pour ensuite le rejeter comme destructeur de l’ordre social. D’abord occupé dans l’affaire familiale, ne répugnant pas à participer au financement de la traite des noirs, il réoriente sa vie à l’âge de 22 ans, sous l’influence de son frère aîné Jean-Marie, prêtre et fondateur sous la Restauration de plusieurs institutions religieuses.

Il se cherche encore pendant plusieurs années, hésitant à franchir le pas avant de s’engager à son tour dans les ordres en 1816.

Certes il n’a pas vocation à être recteur breton enfermé dans sa campagne et son presbytère. D’abord guidé par son frère, il se lance dans le travail intellectuel. En réponse aux philosophes des Lumières, il entreprend dans toute une série de publications qui culminent dans l’Essai sur l’indifférence en matière de religion (1817-1823), succès éditorial qui le rend immédiatement célèbre à travers toute l’Europe. Dans une époque en plein désarroi, Lamennais entend appuyer sur le christianisme la certitude, source de liberté et de paix. Pour lui, toute autorité se fonde sur l’Église, organe d’expression de ce qu’il appelle le sens commun, apanage de toute l’humanité et de toutes les religions qu’il a étudiées, notamment l’hindouisme et le confucianisme.

Pour promouvoir ce message, il fonde la Congrégation de Saint-Pierre , dont le cœur bat à la Chênaie, une malouinière familiale perdue dans le bocage breton, à l’orée de la forêt de Coëtquen, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Malo.

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade en Bretagne Nord, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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