Valmondois Georges Duhamel

Valmondois

Georges Duhamel en Val-d’Oise
par Antoine Duhamel
(extrait)

 

 

Démobilisé seulement le 13 mars 1919, Georges Duhamel, qui venait de passer plus de quatre ans au front comme médecin, va très vite adopter Valmondois pour s’y réfugier chaque année avec Blanche sa femme, durant les six mois de la belle saison, et y écrire dans le calme.

Ils y avaient été précédés par leur grand ami, le poète Charles Vildrac, venu là avec sa femme Rose, la sœur de Georges, certains étés d’avant guerre. La première résidence estivale du ménage, en 1919, sera la Maison Blanche, actuellement au 200, rue Georges-Duhamel, située à l’entrée de La Naze. Cette belle maison du xixe siècle était mitoyenne de celle de Vildrac, et les familles passèrent là, côte à côte, quelques bons étés déjà marqués par la tradition des pique-niques ou telle autre fête, comme celle qui marqua la centième du Paquebot Tenacity, chez Vildrac, réunissant autour de Copeau et de l’auteur toute la troupe du Vieux-Colombier. Puis Vildrac partit à Saint-Tropez.

Le village allait rester un centre d’amitié et de création artistique. En face de Duhamel, Vlaminck avait sa maison, située le long de la voie d’un petit tortillard dont les passages et le joyeux sifflet rythmaient la vie du village.

Georges allait, dès ces premiers temps, raconter dans Les Plaisirs et les Jeux les jeunes années de ses deux premiers enfants, mes frères aînés, Bernard et Jean, le «Cuib» et le «Tioup».

En 1925, l’écrivain acheta, un peu plus loin en amont du village, une maison spacieuse, entourée d’un vaste jardin, la «Nouvelle Maison». Ce fut l’été de ma naissance et l’on m’y amena dès mes premiers jours. Cette maison, je ne l’ai guère quittée, et j’y habite maintenant complètement.

Dès lors, les activités estivales furent nombreuses, avec les familles de Victor Duhamel, des Geoffroy-Dechaume et des Huisman à Valmondois et, à peine plus loin, à Nesles, celle d’Émile Henriot. Autant d’amis qui se retrouvaient sans cesse pour des pique-niques, des soirées costumées «à thèmes», et plus tard, des pièces de théâtre montées avec les enfants, sous la direction passionnée de Blanche, en souvenir de ses brillantes années de théâtre : Le Songe d’une nuit d’été, La Nuit des rois, entre autres. Quels beaux souvenirs, que mon frère Jean fit revivre plus tard avec la génération de nos propres enfants.

Si cette description donne à croire que Valmondois était un lieu de plaisir et de détente, il faut bien comprendre que ce fut avant tout l’instrument de travail de mon père, qui écrivit là l’essentiel de son œuvre littéraire, pendant ces presque six mois de retraite campagnarde chaque année.

Sa vie ici était organisée à peu près ainsi : après un copieux petit déjeuner, café, pain, fromages et confitures (faites à la maison, comme il est dit dans la plus célèbre des Fables de mon jardin), commençait le travail matinal, entrecoupé de courtes errances dans le jardin, où là-haut, dans l’allée verte. Il ne détestait pas d’y arracher quelque mauvaise herbe, de tuer quelque limace, de goûter quelque fruit.

Déjeuner toujours agréable, bien préparé par notre fidèle Anna, ou par Gaby, qui la secondait, et avec qui je corresponds toujours. Le repas était pris à une heure extraordinairement précise (malheur, au moment des vacances, à ces retardataires que nous étions souvent, les jours de beau temps, en revenant des bains dans l’Oise). Après le repas, Duhamel prenait parfois un court repos, mais c’était surtout la reprise du travail, que nous ne devions déranger d’aucune façon, par nos jeux et nos cris.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Val-d’Oise, sur les pas des écrivains, Alexandrines, avril 1999

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