Gilles Martin-Chauffier à l’Île-aux-Moines

L’ÎLE-AUX-MOINES

Gilles Martin-Chauffier, le bretteur de l’Île-aux-Moines

par Patrick Mahé

Gilles Martin-Chauffier, dernier grand bretteur d’une dynastie de journalistes et d’écrivains de caractère, auteur d’un Roman de la Bretagne aux accents souverainistes, aime à raconter cette page de « Mémoires » familiales où les grandes ombres de la lignée semblent veiller sur son destin d’auteur. Son grand-père, Louis, fut rédacteur en chef de Vu, Lu, Vendredi, ce qui se faisait de mieux dans la presse magazine d’avant-guerre et même du Match d’avant la triste moisson de l’An Quarante. Son père, Jean, fut rédacteur en chef de Paris-Presse et du Figaro, tandis que Manette, sa mère, si présente à la belle saison derrière les hauts murs de Kergantelec, dirigea, en pionnière, les programmes de l’INA.  

Rédacteur en chef de Paris Match depuis plus de quinze ans, on loue volontiers sa plume aussi aiguisée que la lame d’un fleuret.

Je l’ai vu débarquer à Match au début des années quatre-vingt. Altier, fringant, beau gosse. Il y débutait dans une rubrique d’Art de vivre et de « conso », trop étroite pour lui. En gagnant l’équipe du « rewriting », fort de deux premiers ouvrages siglés du label « Mercure de France » – Pourpre et Les Canards du Golden Gate – il entra dans la cour des journalistes écrivains qui « cachetonnent » le temps d’un bouclage de nuit. Ils sont à la Presse magazine, ce que les musiciens de studio sont à l’ivresse de la scène. Il était très rapide, croquant les « chapôs » qui ouvrent les grands reportages, rédigeant les légendes photos à la vitesse d’un sprinter d’écriture, au point qu’il lui fallait tempérer son ardeur vis-à-vis de confrères vaguement blasés, des « grognards » revenus de tout, mais non sans talent.

[…]

Extrait de La Bretagne sud des écrivains, Alexandrines, 2014.

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