André Gide à La Roque-Baignard

LA ROQUE-BAIGNARD

André Gide, maire de La Roque-Baignard
par Henri HEINEMANN
(extrait)

Dès l’enfance, André Gide a aimé le domaine de La Roque-Baignard et son château. À douze kilomètres de Pont-l’Évêque, proche de Cambremer, chef-lieu de canton, non loin non plus du château de Formentin, baptisé Quartfourche dans Isabelle, la propriété venait à l’écrivain de sa mère et des ancêtres maternels.

Jamais ne s’édulcora l’image qu’il conserva des lieux. Si la propriété bâtie revendiquait une construction en 1577, et des transformations ultérieures, on s’en tiendra à la description de Si le grain ne meurt : « Il sautait aux yeux que le corps de logis principal était de construction bien plus récente, sans autre attrait que le manteau de glycine qui le vêtait. Le bâtiment de la cuisine, par contre, et la poterne, de proportions menues, mais exquises, présentaient une agréable alternance de briques et de chaînes de pierre, selon le style de ce temps. Des douves entouraient l’ensemble. » C’est ce que Gide se remémorait en 1900, au moment de quitter, à regret, et vendre La Roque. Et d’évoquer avec émotion : « Au chant de la cascade se mêlaient les chuchotis de la rivière et le murmure continu d’une petite source. Un peuple d’hirondelles sans cesse tournoyait autour de la maison. Quand je pense à La Roque, c’est d’abord leurs cris que j’entends. »

Cette maison – mais en fait cela tient du manoir ou du petit château –, Gide prit plaisir à s’y rendre de temps à autre, à y retrouver sa mère tant qu’elle vécut, à y accueillir des cousins et cousines, les Widmer et leurs enfants, les Démarest, certains Rondeaux. Des amis aussi, tels Valéry, Jammes (auteur d’une élégie sur La Roque), Eugène Rouart. Puis sans cesse les bâtiments réclamaient divers entretiens. Ainsi, en mai 1896, fallut-il « rafistoler quelques toitures ».

Le bonheur lié à ces présences à La Roque explique la place que la propriété tient de façon éminente dans l’œuvre de Gide, notamment dans Si le grain ne meurt et L’Immoraliste Certes avec des précautions, des modifications quant aux noms de lieux et de personnages, mais de manière très transparente, le régisseur Armand Desaunay devenant Bocage dans L’Immoraliste, par exemple.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Calvados, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2004

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