Abdallah de Toulouse et Chateaubriand

Abdallah de Toulouse et Chateaubriand

par Dominique Baudis
(extrait)

François-René de Chateaubriand dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem fit une rencontre étonnante en arrivant au Caire à la fin du mois d’octobre 1806. Le consul de France proposa à l’illustre écrivain de résider sous le toit d’un singulier personnage : Abdallah de Toulouse. Cet homme, âgé d’une trentaine d’années vivait dans un superbe palais de la capitale égyptienne. Vêtu à l’orientale, il portait un volumineux turban et une somptueuse robe de soie brodée. Sous de semblables vêtements, quatre compagnons entouraient Abdallah de Toulouse : Anouar de Carcassonne, Gamal de Rodez, Youssouf de Picardie et Selim d’Avignon. Le Toulousain était le chef de ce groupe de Français qui commandait une petite armée d’un millier de Soudanais. « Les Français du Pacha » disait-on d’eux car cette milice appartenait au nouveau maître de l’Égypte, Mehemet-Ali.

Abdallah de Toulouse et ses compagnons étaient des soldats perdus de l’expédition de Bonaparte qui avait débarqué huit ans plus tôt près d’Alexandrie pour conquérir l’Égypte et prendre pied en Orient. L’aventure militaire, après quelques spectaculaires victoires, avait mal tourné. Bonaparte était reparti en France en laissant près de 25 000 hommes derrière lui ; son successeur, Kléber, avait été assassiné ; face aux Mamelouks, aux Turcs et aux Anglais coalisés, l’armée manquait de tout. Elle avait fini par rendre les armes et plier bagages dans des conditions humiliantes et désastreuses. Comme toujours dans une opération de retraite précipitée, des laissés-pour-compte avaient été abandonnés sur place. Déserteurs, malades, prisonniers, ils n’avaient pas pu ou pas voulu embarquer avec leurs camarades et rentrer en France. Avec ces débris de l’armée de Bonaparte, le Pacha Mehemet-Ali avait pu former une milice entièrement à sa disposition et encadrée par des soldats français dont il admirait les qualités de discipline, d’organisation et de sang-froid. Les Orientaux combattaient avec panache, les Français avec efficacité.

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade en Midi-Pyrénées, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2011

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