Maurice Leblanc à Etretat

Étretat

Maurice Lupin et Arsène Leblanc,
par Jacques Derouard
(extrait)

L’aiguille d’Étretat est sans doute le plus beau monument que l’on pouvait élever à la gloire de Maurice Leblanc : pour des millions de touristes, elle est « l’aiguille creuse », repaire d’Arsène Lupin.

Inventer le personnage du gentleman-cambrioleur, creuser l’aiguille pour y loger ses trésors, cela semble si simple, a telle valeur d’évidence, qu’on en oublie le génie qui voulut cela. Ce fut celui de Maurice Leblanc, écrivain mieux connu à Étretat depuis que la maison qu’il y habita, le Clos-Lupin, est devenue, en 1999, un « parcours-spectacle » consacré à son œuvre. Mais Maurice Leblanc est encore trop souvent oublié par les histoires officielles de la littérature…

Maurice Leblanc vint à Étretat dès son enfance, dans les années 1870. Ses parents, bourgeois rouennais enrichis dans le négoce du charbon, avaient les moyens de louer quelqu’une de ces pimpantes villas qui, depuis le milieu du siècle, étaient édifiées sur les collines du Grand et Petit Val. Maurice se souviendra de ses jeux d’enfant dans les vieilles « caloges », barques de pêche hors d’usage, converties en cabanes.

De 1889 à 1895, il vient régulièrement à Étretat. La famille de son épouse, Marie Lalanne, a dans la valleuse de Vaucottes, à deux lieues de là, une grande villa où le jeune couple passe les mois d’été. À Étretat habite alors le célèbre Maupassant dont le jeune Maurice se veut le « disciple ». Il dédiera « au maître Guy de Maupassant » le recueil de contes Des couples, qui paraîtra en novembre 1890. Durant l’été 1890, il vainc sa timidité et sonne à la porte de la Guillette, la petite maison que l’auteur de Bel Ami s’est fait construire à l’écart du village, sur la route de Criquetot-l’Esneval. Mais Maupassant – qui séjourne à Étretat pour la dernière fois – est déjà atteint par le mal qui l’emportera trois ans plus tard. De cette rencontre, Maurice ne se rappellera que les jérémiades du « maître » contre l’usine à gaz d’Étretat dont le bruit l’exaspérait malgré les portes capitonnées de sa villa.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Seine-Maritime, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2007

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