Fayence Vidal-Naquet

FAYENCE

Pierre Vidal-Naquet, l’historien militant
par Claude Boursin
(extrait)

 

 

Cet été 2009, la famille Vidal-Naquet fêtait ses cinquante ans de présence à Fayence. Dans la maison acquise en 1959 sur l’ancienne route de Draguignan, encore dans son état d’origine avec son beau jardin sauvage, enfants, petits-enfants et amis se sont réunis.

J’ai connu Pierre Vidal-Naquet dans les années 90 ; il m’appela un matin pour me consulter. J’allais enfin rencontrer cet homme célèbre, pourfendeur de la torture et combattant de toutes les falsifications, connaître enfin cet historien et pénétrer dans son intimité. Je le connaissais de vue, il passait dans la rue, marchant de son pas lourd et lent lorsqu’il allait à la poste porter son courrier. Il avait un regard absent, comme absorbé, et ne semblait pas voir ce qui l’entourait. « Il est dans les nuages » disaient les gens du village.

C’était un homme simple, un ponte plein d’humour, diseur de gros mots, atypique dans ce milieu ; et un lecteur insatiable, y compris d’Harry Potter !. Lorsqu’il voulait être méchant, il traitait son interlocuteur de menteu, ou de sot, insulte suprême. Le fréquenter devint un double plaisir, plaisir de forme, plaisir de fond. J’étais séduit par la conversation simple, riche, paisible, d’un homme qui prenait le temps d’écouter. Les échanges avec lui étaient naturels ; il les ramenaient à l’essentiel. Et il savait, avec simplicité, ouvrir et faire découvrir des pistes traversières.

Professeur, helléniste, écrivain, intellectuel engagé de réputation mondiale, esprit libre, il parlait volontiers de son parcours, de ses combats, de ses amis, de son admiration pour le poète René Char qu’il avait connu, et de tous ceux qu’il a admirés ou qui furent ses maîtres : les historiens Moses Finley et Arnaldo Momigliano, la figure dominante, tutélaire, étant celle de Jean-Pierre Vernant, le grand Résistant et spécialiste lui aussi de la Grèce ancienne.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Var, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, février 2010.

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