Olympe de Gouges à Montauban

MONTAUBAN

Olympe de Gouges, empreintes occitanes
par Geneviève André-Acquier
(extrait)

« Olympe, ô naturelle, fille de Montauban, Olympe, universelle, et fille de Pompignan », dit la chanson. La cité montalbanaise, après deux siècles d’indifférence, voire de médisances, revendique aujourd’hui l’honneur de compter Olympe de Gouges parmi ses enfants célèbres. Ainsi en est-il souvent lorsqu’un provincial, à plus forte raison une provinciale, réalise sa destinée dans la capitale. C’est le cas d’Olympe qui doit son existence et son inscription dans l’histoire à Paris pour l’épanouissement qu’elle y a trouvé, l’action qu’elle y a menée et pour le sort qui lui a été fait. Vingt-cinq ans de vie parisienne intense, mondaine, culturelle et politique qui l’ont conduite à ce 3 novembre 1793 sur l’échafaud, première femme après Marie-Antoinette à être condamnée par le Comité de salut public pour délit d’opinion. Cette mort courageusement acceptée n’est pas une capitulation, mais l’affirmation d’un esprit indépendant et mu par le bien public, qui refuse fièrement de se renier. Cette conclusion extrême jette une lumière vive sur son œuvre, que la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ne saurait seule représenter, qui apparaît dès lors comme une prise de parole féminine exemplaire d’authenticité et d’exigence, une œuvre dont Paris lui a offert toute la matière. Bien loin est la ville natale de Montauban que, fuyant un deuxième mariage, elle a quittée à vingt ans pour échapper à la subordination, à l’insignifiance, au silence.

Dès lors Olympe a tiré un trait sur les années de jeunesse passées à Montauban, du temps où elle s’appelait Marie Gouze du nom de son père légitime, puis Aubry du nom de cet époux qui lui avait été imposé. De cette période on ne connaît guère que sa détestation du mariage dont elle a, semble-t-il, fait une expérience malheureuse et déterminante, son regret de n’avoir pas reçu l’instruction à la hauteur de ses désirs, son mal-être de se savoir fille naturelle, fût-ce du célèbre Lefranc de Pompignan, sa condamnation des accommodements que la société s’autorise en pareil cas au dépens des enfants et des filles particulièrement. La passion amoureuse dont Olympe est le fruit a été en effet habilement contrariée afin que l’ordre soit respecté, les apparences sauves. L’ordre ? c’est-à-dire l’ordre monarchique, catholique, centralisateur de la Contre-Réforme qui s’est finalement imposé à toute la ville. Bientôt la bourgeoisie à laquelle appartiennent les Gouze voit s’amorcer le déclin de sa puissance qu’aggrave dramatiquement la terrible crue du Tarn en 1766, un désastre qui frappe les esprits, en inondant toute la ville basse (Villebourbon), poumon ouvrier et commerçant de la cité. Il n’en faut pas moins à Olympe pour décider que son destin est ailleurs.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Midi-Pyrénées, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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