Alphonse Daudet à Nîmes

Nîmes


« Je suis un bourgeois de Nîmes… »

Alphonse Daudet,
par Anne-Simone Dufief

(extrait)

Si Daudet est né à Nîmes, il n’est pas de souche nîmoise. Le berceau des Daudet est un petit village au pied du mont Lozère, Concoules ; du côté de la branche maternelle, les Reynaud sont originaires de La Baume, dans le canton de Joyeuse. Les deux familles se sont fixées à Nîmes à la fin du xviiie siècle. Le grand-père paternel Jacques Daudet a commencé comme compagnon taffetassier, puis s’est mis à la tête d’un atelier de tissage, avant de se lancer dans le commerce des tissus. L’autre grand-père, Antoine Reynaud, est d’origine plus bourgeoise ; il s’est fixé à Nîmes en 1795 et, disposant de capitaux, y a développé rapidement un commerce en gros de soieries. La Restauration est une période de prospérité pour les deux familles. Vincent Daudet, le père d’Alphonse, est à la fois négociant en soieries et propriétaire d’une fabrique sur le chemin d’Avignon où il joint à la fabrication l’impression des tissus et surtout des foulards. Il épouse en 1829 Adeline Reynaud – mariage d’amour car la jeune fille aurait pu choisir un parti plus fortuné –, et le couple a six enfants, dont quatre seulement vécurent. Les Daudet-Reynaud forment un clan honorablement connu à Nîmes, frères et cousins appartiennent à une bourgeoisie commerçante qui s’enrichit ; ils sont catholiques et royalistes.

Alphonse, le troisième fils, est né le 13 mai 1840 au deuxième étage de la maison de Sabran, n° 24 du Grand Cours, et a été baptisé le 16 mai à la cathédrale Saint-Castor. Dans le Petit Chose, il fait commencer à sa naissance les malheurs familiaux et le début de la déchéance de son père. De fait, la conjoncture économique est mauvaise à Nîmes ; les activités des soyeux sont frappées par une crise des vers à soie au moment même où la concurrence avec l’Angleterre devient de plus en plus rude. Les tensions sociales aux approches de la révolution de 1848 accentuent la crise.

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Gard, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2008

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