Mona Ozouf à Saint-Brieuc

PLOUHA, SAINT-BRIEUC

Mona Ozouf ou l’école comme ligne de vie
par Jean-Jacques Monnier
(extrait)

 

Le 25 septembre 2009, Mona Ozouf, très émue, inaugurait à Plouha une école maternelle portant le double nom « Jacques et Mona Ozouf ». Le conseil municipal venait de décider d’honorer une historienne qui a passé une dizaine d’années de son enfance bretonne dans l’école publique de ce chef-lieu de canton du Goëlo et qui a longuement parlé de cette enfance dans son essai Composition française paru chez Gallimard (2009).

Mona est la fille d’une personnalité du mouvement breton progressiste, Yann Sohier. Ce jeune instituteur public, originaire du pays gallo, sensible aux écrits d’Anatole Le Braz et de Charles Le Goffic, commence à apprendre le breton. Comme nombre d’instituteurs de l’époque, il est syndiqué et proche du Parti communiste pour des raisons de justice sociale. Il rejoint aussi le Parti autonomiste breton (fédéraliste) en 1927. Il épouse Anne Le Den, une institutrice bretonnante. Leur fille Mona naît en 1931 et reçoit une éducation bilingue. En 1933, il fonde le journal Ar Falz (La Faucille), un bulletin mensuel des instituteurs laïcs favorables à l’enseignement du breton (à l’époque interdit à l’école) et prépare une méthode d’enseignement du breton pour les élèves. Surmené par son militantisme, il meurt à trente-quatre ans. Dans l’hebdomadaire communiste La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime est reproduit le discours du leader communiste Marcel Cachin, qui rend ainsi hommage à Yann Sohier : « La défense de la langue bretonne compte des apôtres admirables et désintéressés. Laissez-moi évoquer ici la mémoire de mon jeune ami Yann Sohier, ancien instituteur laïque à Plourivo, mort prématurément, admirable bretonnant révolutionnaire ». Mona a trois ans. Sa mère est alors nommée directrice de l’école maternelle de Plouha où elle exerce jusqu’en 1941. C’est là que Mona fait sa scolarité primaire, élevée par sa mère et sa grand-mère, dans la mémoire pesante et silencieuse du père, véritable saint laïque, combattant d’une cause minoritaire et décriée.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Bretagne Nord, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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