Saint-Simon à la Ferté-Vidame

LA FERTE-VIDAME

Le duc de Saint-Simon à la Ferté-Vidame

par Philippe Hourcade

 

 

Le domaine de La Ferté-Vidame faisait partie du Thimerais, entre Normandie, Beauce et Perche, terres à blé et terres à bois. Il dépendait du bailliage de Châteauneuf, et plus largement, de l’intendance d’Alençon et du diocèse de Chartres. Trois fiefs le composaient : châtellenies de Beaussert, de la Ferté-Arnault, vidamé de Chartres. Ferté, on le sait, c’est la forteresse, dont le château conserva l’allure malgré les transformations du xviie siècle. Entre 1632 et 1635, sur les conseils de son maître Louis XIII, Claude de Saint-Simon, futur père du mémorialiste, acquit le bail et ne cessa ensuite d’agrandir ses terres : c’étaient deux grands pavillons avec grande porte et pont-levis, six tours, force dépendances, basse-cour au nord, grange, écuries, maison, viviers, grands jardins, le tout entouré de murailles et de fossés d’eau vive, avec de grands canaux. Autour, des prés, un verger, un grand parc au nord, une garenne, quatre étangs. Duc et pair en 1635, Claude s’habitua à séjourner souvent à La Ferté, dont il fit reconstruire l’église dédiée à Saint-Nicolas. Il fit également édifier les communs qui existent encore sous le nom de petit château.
Marié en 1672 avec Charlotte de l’Aubespine, il fit donner à son fils Louis, né le 16 juin 1675, le titre de Vidame de Chartres, afin de mieux implanter sa famille dans ces lieux.
L’enfance du futur mémorialiste, partagée entre Paris et La Ferté, fut très suivie par ses parents, son instruction humaniste soignée. À la suite de son père, une affection filiale le lie avec Monsieur de Renés, abbé de La Trappe toute proche, qu’il alla souvent rencontrer malgré la difficulté du chemin, et même un jour, devait le faire peindre à son insu par le célèbre Hyacinthe Rigaud.
Le duc Claude mourut en 1693. Dans l’inventaire de ses biens, on prend connaissance de l’intérieur du château : au rez-de-chaussée, grande salle tapissée de cuir doré à fond blanc avec un dais de damas cramoisi, puis la chambre du duc, son grand fauteuil de velours noir, son cabinet de cèdre à filets d’ébène… On passait ensuite dans la chambre de la duchesse mère au lit de brocard d’or à fond d’argent, aux dix-huit tableaux de famille et de proches. Quant au jeune vidame, il logeait dans un cabinet avec lit de repos couvert de brocard gris, six chaises revêtues de toile de Chine avec franges de soie, secrétaire en ébène, etc. En fait, la richesse de l’ensemble ne résidait pas tant dans le mobilier du château et dans sa décoration intérieure, que dans ses terres, ses fermes et ses bois…

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en région Centre, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, 2013.

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