Aix-en-Provence roi René

AIX-EN-PROVENCE

Le « bon » roi René écrivain

par Yannick Frizet

Le célèbre « bon » roi René, pénultième comte de Provence, a pratiqué lui aussi l’écriture pendant ses années de maturité (v. 1444-1457). Prince du sang aspirant à régner sur quatre royaumes (Jérusalem, Naples, Hongrie, Aragon), duc d’Anjou, de Bar, de Lorraine, il était l’un de ces grands aristocrates érudits faisant de l’exercice de la connaissance un outil de gouvernement. René d’Anjou vécut auprès de son suzerain Charles VII les dernières décennies de la guerre de Cent ans, au cours desquelles il rencontra Jeanne d’Arc. Comme les hommes de son temps, plus qu’eux pourrait-on dire, il connut les tribulations : batailles souvent perdues, épidémies de peste, deuils indus. C’est la mort prématurée de son frère Louis III en 1434 qui appela ce cadet de la maison d’Anjou à exercer le pouvoir sur un territoire trop éclaté et politiquement trop instable. De plus, descendant d’une génération de grands vassaux ayant assuré la régence de Charles VI, son alliance avec le roi de France pâtit de la politique de dessaisissement menée à leur encontre par Charles VII après la reconquête (1453) et accentuée par son fils Louis XI (1461-1483).

Ces circonstances expliquent peut-être la nostalgie, parfois même la mélancolie, qui émaillent ses œuvres littéraires, celles d’un prince quadragénaire encore puissant et prometteur, préfigurant les calamités qui malmèneraient les deux prochaines décennies de sa vie (pertes des royaumes, décès des héritiers directs, saisies territoriales du roi). Trois textes peuvent lui être attribués de façon certaine : le Traité de la forme et devis d’un tournoi, Le Mortifiement de Vaine Plaisance et le Livre du Cœur d’amour épris. On passera sur les quelques rondeaux échangés avec le poète Charles d’Orléans, autre prince écrivain de ses amis…

Extrait de l’ouvrage : Balade en Provence, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2012