Marseille Rimabud

MARSEILLE

Rimbaud, port Terminus… ou le retour de l’enfant prodigue

par Claude Pérez

 

Le 20 mai 1891, un mercredi, le paquebot l’Amazone, des Messageries maritimes –117 mètres, 3 396 tonneaux – touche Marseille en provenance d’Aden. À son bord, un négociant français de 36 ans, gravement malade, la jambe droite énorme, semblable, écrira-t-il peu de temps après son arrivée, « à une énorme citrouille ». Il est aussitôt transporté à l’hôpital de la Conception (qui existe encore aujourd’hui) où il paie « dix francs par jour, docteur compris ». On l’y amputera de la jambe droite une semaine plus tard. Ce négociant est Arthur Rimbaud. Il avait été autrefois poète.

Rimbaud va rester deux mois à la Conception, tantôt accablé : « je ne fais que pleurer jour et nuit, je suis un homme mort, je suis estropié pour toute ma vie », tantôt apparemment résolu et confiant : « toutes les maladies se guérissent avec du temps et des soins ». Le 20 juillet, enfin, il écrit dans une lettre : « J’en ai assez de l’hôpital où je suis exposé à attraper tous les jours la variole, le typhus, et autres pestes qui y habitent. Je pars ». Ces propos sont destinés à sa sœur Isabelle, qui est de six ans sa cadette. Quelques jours plus tôt, le 18 juillet, elle lui avait écrit : « Pourquoi ne viendrais-tu pas à Roche ? Ne peux-tu prendre un coupé-lit ? Le voyage coûterait cher, mais au moins tu n’aurais plus ta pension d’hôpital à payer ». À Roche, « il fait beau et chaud, tu serais bien là ; je voudrais que tu sois avec moi, tu verrais que cela te distrairait ».

Le 23, Rimbaud, conformément à la suggestion de sa sœur, prend donc le train à Marseille pour les Ardennes. Changement à Paris, puis à Amagne. Terminus en gare de Voncq, et de là par la route jusqu’à Roche, canton d’Attigny, où madame Rimbaud possède une ferme, une grande maison de pierre corrodée avec une haute toiture paysanne et une date, 1791, au-dessus de la porte. On sait tout cela par Paul Claudel, qui l’a visitée en 1912. Il ne reste plus aujourd’hui qu’un mur. Les Allemands ont fait sauter la maison dans leur retraite, en 1918…

 

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