Grasse, Nice
Maurice Maeterlinck, du Nord au Sud,
par Jean-Marie Klinkenberg
Rien ne semblait prédisposer Maurice Maeterlinck, prix Nobel de littérature en 1911, à être un des plus brillants représentants de l’intelligentsia des Alpes-Maritimes. Car tant par ses origines que par son esthétique, c’est bien d’un homme du Nord qu’il s’agit.
Né en 1862 dans une riche famille gantoise — francophone, comme il se doit à l’époque—, Maeterlinck vient du plat pays chanté par Jacques Brel. Après ses études au collège jésuite Sainte-Barbe (où étudièrent également Émile Verhaeren et Georges Rodenbach), sa vocation littéraire se confirme : lors d’un séjour à Paris, Villiers de l’Isle Adam l’oriente vers le symbolisme. Et en 1889, le génie de l’auteur se révèle. Coup sur coup, en effet, paraissent les poèmes des Serres chaudes — un univers suffocant reflétant les impuissances de l’âme, qui allait devenir une référence pour les surréalistes — et une pièce qu’Octave Mirbeau allait célébrer, en comparant l’auteur à Shakespeare, La princesse Maleine. En 1892, Pelléas et Mélisande (qui sera mis en musique par Fauré, Debussy et Schoenberg), constitue la synthèse du premier théâtre de Maeterlinck, où l’action ne se noue qu’à travers des gestes symboliques et des monologues sans référent…
Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012