Hyères-Saint-Raphaël Fitzgerald

D’HYÈRES À SAINT-RAPAHËL

Edith, Scott et Zelda, deux Amériques sous l’onde et la flamme
par Jean-Luc Guillet
(extrait)

 

 

Hyères-les-Palmiers

Ce jardin des Hespérides fut connu, parmi le monde littéraire, de Robert Louis Stevenson, Léon Tolstoï, Ivan Tourguéniev, Joseph Conrad, Frédéric Mistral, Paul Bourget ou encore Henry James et Saint-John Perse. Stephen Liégeard y invente en 1887 l’appellation tant convoitée de « Côte d’Azur ». Les passions s’y révèlent sous l’onde et la flamme. C’est la station d’hivernants couronnés, de gens de Lettres, saisis par la beauté de ses îles d’or, sa longue plage baignée de rayons, ses ruelles tortueuses qui montent toutes à l’assaut du château féodal où court la voix de baryton des cloches médiévales, ses collines recélant des grenades et des orangers, des coquelicots ensanglantés, et que Paul Bourget fait découvrir au début du xxe siècle à Edith Wharton. Il est vrai que l’auteur d’Un cœur de femme, aime à recevoir personnalités et célébrités en vue à la villa Le Plantier, acquise en 1895, sur la colline de Costebelle.

Le romancier Américain Henry James, avec qui Edith Wharton est de plus en plus liée, est l’un d’eux en 1899, mais n’y fait qu’un séjour suffocant, étouffant, en la compagnie des pharisiens flatteurs qui entourent le grand romancier. Edith Wharton a déjà publié plusieurs recueils de nouvelles et son premier best-seller, Chez les heureux du monde, en 1905, un an avant son installation à Paris et sa liaison avec le journaliste Morton Fullerton dont Terminus fait écho. La relation passionnelle prend fin quatre ans plus tard. Edith Wharton entreprend alors différents voyages, divorce, puis publie le sublime Ethan Frome. On la voit en 1915 au Plantier en compagnie d’André Gide, et en 1916 à l’Hôtel du Parc alors qu’elle s’est engagée dans l’aide aux blessés et orphelins de la Grande Guerre qui sévit sur le Front de l’Est. Un engagement qui lui vaut d’être nommée chevalier de la Légion d’honneur.

La romancière fait un nouveau séjour à l’Hôtel du Parc en 1919. Son attirance pour la cité des palmiers et sa contrée ne fait que croître, après avoir trouvé en France « le respect d’autrui, l’honnêteté intellectuelle, la liberté de la femme ». Son désir de s’y installer durablement devient si fort qu’elle décide de louer le Castel Sainte-Claire, un ancien couvent des Clarisses. L’architecte Charles Knight procède aux premiers travaux de restauration. L’accomplissement de la femme est entier : « Il y va de mon avenir, c’est comme si j’allais épouser, enfin, l’homme de ma vie », déclare-t-elle. La romancière a cinquante-sept ans. Elle est à l’aube de publier Le temps de l’innocence, son grand roman qui lui vaut le prix Pulitzer en 1920. Au Castel, son organisation légendaire, alliant minutieusement travail et vie privée, se met en place. Ses journées s’articulent harmonieusement entre écriture, pique-niques et promenades le long de la plage ou sur le site enchanteur de Porquerolles. Quelques visites émaillent cependant les journées hivernales et printanières, notamment celles de Joseph Conrad et de son épouse Jessie en 1921. L’auteur de Nostromo va se lancer dans l’écriture de son roman, Le Frère de la Côte, qui prend pour cadre la presqu’île de Giens que Conrad connaît depuis ses jeunes années.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Var, sur les pas des écrivains(c) Alexandrines, février 2010.

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