Nice Cocteau

Jean Cocteau : le Midi, lumière de vie et de création

par Nicole Dubus Vaillant

Le poète a rendez-vous avec Mario Brun, grand reporter à Nice Matin. Il sait que cet ami fidèle sera bientôt là, prêt à l’écouter. Il relit ses notes concernant son œuvre sur cette côte d’Azur qui lui a donné une seconde vie, malgré les souffrances et une santé défaillante…

« Si vous lui plaisez, le Midi vous offre tout ce qu’il a. Tout y est blond de lumière et de miel. Plus je vais, plus je me limite à cette côte, véritable havre où la peau de l’âme redevient propre.» Aussi Jean Cocteau passe t-il une partie de l’année dans les Alpes-Maritimes, entre la frontière italienne et Nice, dans cet amphithéâtre qui rappelle l’Antiquité gréco-latine, entre lumière absolue et obscurité, entre tragédie et comédie. Un monde où tout est possible. Les mythologies s’entremêlent à la réalité, les gens du pays sont les héritiers de cette histoire qui les a concernés, faite de légendes et d’histoires vraies. Mais pour le Poète, s’agit-il d’une légende ou de la réalité à laquelle il va s’attacher à donner forme, au travers de ses écrits poétiques, des pièces de théâtre, des films et enfin de ses dessins car « c’est de l’écriture dénouée et renouée autrement ». Tout est écriture. Poète de tous les arts, ses messages prennent des formes d’expressions variées.

Souffrance et extase : voici ce qu’il connaît lors de son arrivée à l’hôtel Welcome, face au port de Villefranche-sur-Mer, en 1925. La rencontre est prodigieuse. Malgré une vie aisée dans le milieu mondain parisien, la mort, le sang, la souffrance ont déjà entaché sa vie : le suicide de son père, une sensibilité exacerbée lui ont ouvert les « portes du mal qui nous habite ». Il s’adonne à l’opium afin de chercher l’oubli depuis la mort de Raymond Radiguet et passe des nuits entières à brûler sa vie au hasard des rencontres avec les marins du port venus de tous horizons. Et il écrit Plain-Chant, recherche l’allégorie entre les sombres rues étroites et l’horizon flamboyant lors des déjeuners chez La Mère Germaine : « Son soleil me féconde. » L’année suivante, cet hôtel devient sien. « Actuellement peuplé de nos fantômes », écrit-il bien plus tard, lorsqu’il décore, juste en face, la chapelle des Pêcheurs…

Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012

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