Nice Le Clézio

Jean-Marie Gustave Le Clézio

« Un charme, une élégance »,

par Isabelle Gruca

 

Le Clézio a toujours refusé de parler de lui, de ses joies comme de ses problèmes, et a toujours battu en brèche les analyses « psychologiques » ou biographiques de ses oeuvres. Même s’il n’en parle jamais directement, son enfance et adolescence, passées à Nice et ses environs, qui inspireront bon nombre de ses espaces romanesques, furent apparemment difficiles : solitaire et peu bavard, il semblait à l’écart du système. Il exprime sa timidité à travers ses interviews : « J’ai été errant très longtemps, et peu sûr de moi, incapable de rencontrer des visages », dit-il lors d’une présentation à la librairie Dialogues, en 1996 ; et Bernard Pivot, qui l’évoque au cours d’une interview en 2008, rapporte : « J’ai toujours été impressionné par son calme, sa timidité, sa réserve… ». Cette période de malaise s’exprime probablement au travers du comportement du héros (ou anti-héros) de sa première grande oeuvre (Le Procès-verbal), qui oscille entre mal-être et « folie ».

Et cependant peu d’œuvres sont aussi étroitement liées à leur auteur et à sa vie que celles de Le Clézio. Ce citoyen du monde semble poursuivre une aventure familiale engagée par ses ancêtres et puiser dans ses légendes familiales et ses expériences personnelles la matière à sa quête créative.

 

Le Clézio est un homme « mêlé », pour reprendre la formule de Montaigne, et l’histoire familiale, vécue ou rêvée, a façonné un homme d’ouverture, sensibilisé dès l’enfance au dialogue des cultures. Outre la culture créole et l’épopée familiale qui nourriront son imaginaire, l’écrivain a hérité de ses ancêtres le goût du voyage qui marque profondément son oeuvre. Son père anglais, sa mère française, sont issus d’une famille bretonne, émigrée à la fin du xviiie siècle en île de France, rebaptisée île Maurice après l’annexion de l’île par les Anglais. Les Le Clézio deviennent alors sujets britanniques, puis mauriciens avec l’indépendance acquise en 1968. Le jeune Jean-Marie Gustave reçoit en héritage une série d’aventures et de légendes familiales (je suis d’une famille où l’on racontait beaucoup d’histoires, dit-il) qu’il retracera, par la suite, dans différents récits (Le Livre des fuites, 1969 ; Le Chercheur d’or, 1985 ; Voyage à Rodrigues, 1986 ; La Quarantaine, 1995)…

Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012

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