Maurice Magre à Toulouse

TOULOUSE

Maurice Magre, l’homme de tous les excès,
par Jacques Arlet
(extrait)

Maurice Magre est né en 1877, 43 rue du Taur, une des rues les plus toulousaines de Toulouse, voie principale qui conduit au quartier latin de la cité. Jeune bachelier, épris de poésie, il recevait le soir non loin de là, chez ses parents, Joseph Rozès, Emmanuel Delbousquet, Marc Lafargue, Hélène Picard, Jean Viollis, qui écrivaient de beaux vers avec moins de génie que le jeune Rimbaud, mais la même passion.

C’est Emmanuel Delbousquet qui décida de la création d’une revue Essais de Jeunes qui parut en mars 1892. À dix-huit ans, il en était le rédacteur en chef. Le numéro contenait des poèmes de Marc Lafargue, seize ans, et de Maurice Magre, quinze ans ! Delbousquet, Lafargue, Magre furent alors les trois mousquetaires de la poésie toulousaine conquérante. Émile Pouvillon parlait d’eux comme d’une nouvelle Pléiade. Ils affirmaient leur originalité en répudiant le ressassement romantique, les décadents et les symbolistes.

En décembre 1894, Maurice Magre devint à son tour rédacteur en chef. En prenant la direction de la revue, il souhaitait lui donner une orientation sociale et politique. Ce combat engagé dura quelques années. En 1896, Magre fonde une revue nouvelle l’Effort qui se veut indépendante de toute école : « Notre revue sera libre […] organe d’esprits différents se développant chacun dans leur sens […] une ville comme Toulouse doit posséder ce moyen pour l’importante innovation qu’est un milieu littéraire en province ».

La revue à couverture rouge se voulait ambitieuse et de nouveaux venus s’y engagèrent, poètes comme Henri Muchard qui deviendra le chantre du Roussillon ou Maurice Le Blond champion de l’École naturiste. Ils se félicitaient que le symbolisme ait libéré le vers mais lui reprochaient d’avoir accentué le divorce entre l’art et la vie. La poésie, écrivaient-ils, doit prendre en charge les travailleurs, ceux qui souffrent, comme le progrès scientifique.

Maurice Magre, tel Rastignac, avait décidé de quitter Toulouse pour aller conquérir Paris. Il laissa l’Effort entre les mains de Lafargue, qui réussit à sortir le dernier numéro fin 1897.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Midi-Pyrénées, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2011

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