Madeleine Chapsal à Eymoutiers

EYMOUTIERS

En Limousin, où souffle l’esprit,
par  Madeleine Chapsal
(extrait)

Bien que je sois née à Paris, mes racines sont en Limousin et je l’aime par-dessus toutes les autres régions de France et d’ailleurs.

Comme Du Bellay, je peux m’exclamer : Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux, que des palais romains le front audacieux

Toute petite, j’attendais frénétiquement l’été pour y passer de longues vacances et, à peine débarquée à Eymoutiers, je me roulais dans l’herbe de nos prés parmi les sauterelles et les grillons qui à l’époque pullulaient. De même que les truites, les cèpes, les girolles, les châtaignes, tous les animaux de ferme, dont ces longs troupeaux de moutons, lesquels, menés par leur bergère, broutaient fougères et ajoncs afin de laisser toute la place à la bruyère. Nos collines alors étaient mauves, comme nos cieux le soir.

Est-ce trop de nostalgie ? Suis-je devenue comme ceux qui, en prenant de l’âge, proclament que dans le temps tout était meilleur qu’aujourd’hui ? J’ai assez de bonne foi pour reconnaître que beaucoup de gens d’ici vivent mieux qu’autrefois, grâce aux retraites, aux prises en charge, à la mécanisation des si lourds travaux de la terre… Sont-ils plus heureux, face à leur télévision et sans toutes ces fêtes rituelles, ces bals, ces veillées, qu’ont connus et fréquentés leurs parents ? À eux de le dire.

Pour moi, le Limousin reste le lieu où souffle l’esprit… C’est d’ailleurs là, à La Sauterie, que j’ai écrit la plupart de mes livres, dont l’un, La Maison, décrit mon habitation et mon paysage… Et David Servan-Schreiber y a écrit la plus grande partie de son best-seller Guérir.

Nous sommes de grands lecteurs, d’où le succès du Salon du livre de Limoges. Et nous pratiquons un artisanat qui chez certains se fait art… Ainsi mon grand-père, Léonet Chaumont, qui fut tailleur de pierres, a bâti de bien belles tombes dans notre cimetière, dont la sienne. À Eymoutiers est né et a vécu Paul Rebeyrolle, ce grand peintre à la gloire internationale, et, ce qu’on ne sait pas toujours, un écrivain de renom, Jean Blanzat. Et puis nous saluons encore une fois notre Cyril Jonard, handicapé, judoka : en 2004, ce jeune « pelaud » avait obtenu la médaille d’or à Athènes. En 2008, Cyril a remporté la médaille d’argent aux Jeux paralympiques de Pékin, à la grande fierté du tout Eymoutiers ! Tous les commerçants affichant sa photo…

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade en Limousin, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2009

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

https://www.alexandrines.fr/

sugar rush slot