Floressas Froment

Floressas

Paul Froment, notre Rimbaud occitan,
par Marceau Esquieu
(extrait)

 

 

Un quadrillage de pierres sèches, sur un plateau calcaire aux chênes rabougris, aux vignes torses sur le cailloutis, des champs étroits, des fermes aux murs lépreux, aux toitures bosselées, jetées comme à poignées en hameaux dérisoires, la lourde masse d’un château rectangulaire aux deux tours massives et trapues ; un village ? On hésite presque.

C’est Floressas, dans le département du Lot. Paul Froment, y naît, le 17 janvier 1875, d’une famille de petits agriculteurs ruinés par le phylloxera.

Son instituteur, Monsieur Doumerc, tout bon « hussard de la République » qu’il fût, comme ailleurs, Antonin Perbosc et Prosper Estieu, cultivait encore, jouxtant le jardin du curé tout encombré de patenôtres en latin, et embaumé de fleurs mellifères et médicinales, son jardin secret personnel de maître d’école, où fleurissait, indifférente et superbe, la fleur inverse d’une langue prohibée, seule propre à susciter à jamais des disciples et des poètes… Avec le petit Paul, c’est un écolier sensible et surdoué qu’il prenait en charge. À treize ans, le voici premier du canton au Certificat d’Études…

Mais ses parents, par nécessité, le loueront, dès ses 15 ans. Il deviendra valet de ferme : en Lot-et-Garonne proche, à Massels, Penne, puis à Pujols, au Laurier ; à quelques lieux de Floressas certes, assez loin toutefois, pour souffrir à vif du mal du pays, et surtout des affres de son amour malheureux pour Maria Maillet, « mon prumièr, sol amor ». Sa jolie camarade d’enfance ne répondra jamais à son amour…

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Midi-Pyrénées, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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