Jean Guéhenno à Fougères

PAYS DE FOUGÈRES

Sur les pas du « roi en sabots », Jean Guéhenno,
par Patrick Bachelier
(extrait)

On ne revient pas de certaines impressions de l’enfance.

Elles fixent la couleur de l’âme.

« Je reviens du pays de mon enfance. J’y suis allé et j’en suis revenu à travers les brouillards, mais, par chance, la brume plusieurs fois s’est levée, et je le revoyais soudain comme ressuscité, dans des mares de soleil. » Ces mots de Guéhenno sont une invitation à la découverte de cette ancienne cité médiévale, toujours flanquée de ses tours majestueuses qui flattent les yeux du touriste arrivant à Fougères.

Marcel, dit Jean Guéhenno, naît à Fougères le 25 mars 1890, rue Forest, dans le quartier de Bonabry nouvellement sorti de terre. Fougères, « petite ville grise et bleue de Bretagne » à quelques kilomètres de la mer, où les nuages roulent et couvrent un bocage épais et verdoyant, vit au rythme de la révolution industrielle. Les habitants utilisent bientôt une phrase qui résonne encore dans les murs de la vieille ville : « Fougères, capitale de la chaussure ! »

Après sa naissance Guéhenno est placé en nourrice à Peïné chez une grand-tante qui occupe une chaumine dans le village de Saint-Germain-en-Coglès près de Fougères. Le petit « Roi en sabots » gambade dans la nature. Mais il est vite rattrapé par la réalité. À l’âge de cinq ans il retourne en ville, et vit là plusieurs années, dans une pièce unique que son père appelle leur « cambuse ». Dans cette pièce commune se côtoient le fourneau, les lits, la machine à coudre de sa mère soigneusement rangée sous la fenêtre, le bahut du cordonnier et un grand baquet d’eau où trempent les cambrures et les semelles. Si la vie de notre petit cordonnier se trouve réglée par son travail d’apprenti en herbe, elle l’est aussi par son assiduité au collège de Fougères.

Marcel Guéhenno devient un brillant élève mais ne conserve pas un bon souvenir de ces années de collège. Il perçoit rapidement qu’il n’est pas à sa place parmi les autres élèves issus d’un milieu différent. Guéhenno est considéré comme un « bûcheur », entouré de plus de compassion que de sympathie par ses condisciples.

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade en Bretagne Nord, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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